Architecture Art Nouveau

À la fin du XIXe siècle, l’architecture subira une transformation profonde tant dans la conception de l’espace que dans la décoration intérieure. Trois noms dominent : Victor Horta, Paul Hankar et Henry van de Velde. Ils en seront à la fois les initiateurs et les théoriciens.

Horta récuse la ligne droite au profit des courbes et perçoit la vocation ornementale du fer. Ses premiers commanditaires, Émile Tassel, professeur universitaire, et Eugène Autrique, célèbre avocat, l’introduiront dans la bourgeoise bruxelloise cultivée où il trouvera une importante clientèle. Parmi ses constructions célèbres figurent notamment la Maison du peuple, le palais des Beaux-Arts ou encore la gare centrale, inachevée.

Hankar, qui joint à sa pratique une réflexion théorique sur les arts et un engagement politique en faveur d’une architecture sociale, se révèle également partisan de l’asymétrie et des courbes. Il se distingue par son goût de la polychromie et un traitement varié des matériaux. L’un de ses chefs-d’oeuvre est la maison du peintre symboliste Albert Ciamberlani, dont la façade, ornée de sgraffites, laisse apparaître la structure métallique.

Renonçant à peindre et remettant en cause la distinction entre arts majeurs et mineurs, Van de Velde prône un « art nouveau », fondé sur la morale et l’unité des arts. Il insiste sur l’importance de la ligne. Cinq ans avant son départ pour Berlin, en 1895, c’est en autodidacte qu’il aborde l’architecture en concevant sa propre maison-manifeste, le Bloemenwerf, inspirée des cottages anglais.

Dans leur sillage, l’architecture Art nouveau sera prolongée par des suiveurs qui n’en retiendront que les effets de surface, sans en adopter la logique profonde. Lassée, la bourgeoisie progressiste s’en détournera. Le désintérêt se généralisant, ce patrimoine sera peu à peu détruit.

 

Le palais Stoclet

Situé au 279 de l’avenue de Tervueren à Bruxelles, le palais Stoclet a été conçu par l’architecte autrichien Josef Hoffmann, membre de la Sécession viennoise, sur commande du directeur de la Société générale Adolphe Stoclet, et bâti de 1905 à 1911. En rupture totale avec l’esthétique Art nouveau, sa façade austère, recouverte de marbre blanc, présente des volumes géométriques dont les arêtes sont soulignées par d’épaisses baguettes de bronze. Aucun relief ne vient briser le miroitement de ses surfaces. L’intérieur est une synthèse parfaite de styles qui mêle les techniques et les matériaux les plus divers : les frises de la salle à manger conçues par Gustav Klimt, L’Attente et L’Accomplissement, rappellent par exemple la mosaïque byzantine. Couronnée par quatre sculptures de Franz Metzner, la tour abrite un escalier délimitant espaces privés et espaces de service. Des ateliers des Wiener Werkstätte, fondés à Vienne par Hoffmann, Moser et Waenrdorfer, ont sortis tous les éléments de la décoration intérieure, du mobilier aux lustres en passant par la vaisselle et l’argenterie. Cette demeure est la seule Gesamtkunstwerk, ou oeuvre d’art totale, conçue par les Wiener Werkstätte, qui subsiste aujourd’hui.